« Pourquoi je suis mère » ou « Pourquoi je ne suis pas mère »

On n’est et on ne naît pas toutes égales face à ce destin, c’est mon cas.

Je fais partie d’un groupe sur Facebook où les femmes sont dans mon cas. J’ai adoré lire et rarement commenter, ce qu’elles avaient à dire. On se soutenait toutes dans ce parcourt long, fait de fausses joies et de désespoirs, mais surtout et avant tout nous gardions toutes le moral et l’espoir qu’un jour nous aussi on pourrait embrasser la profession de maman à plein temps! Nous explosions de joie lorsqu’une d’entre nous avait son +++++, mais nous compatissions aussi lorsque ça ne marchait pas! Tout cela m’a aidé à tenir bon, à persévérer. On lit beaucoup d’articles sur l’infertilité, mais les filles qui osent en parler ouvertement sur leurs blogs ou autres,ça me touche plus, car c’est plus personnel. Ce n’est en aucun cas du voyeurisme, mais moi ça me fait du bien de me dire que je ne suis pas la seule à vivre ça ! C’est vrai, parlez-en au tour de vous. Vous verrez qu’il y aura toujours un couple dans cette situation, peut-être vous-même vivez la même chose que moi. Ce n’est pas une honte d’avoir du mal à avoir un enfant, ni même d’être aidé à en avoir !

Alors je me jette à l’eau et je vous déverse tous ces mots, mes joies, mes angoisses!

Je me rappelle à mes débuts, chaque mois, être assise sur mon trône les yeux fermés, ne voulant pas les ouvrir et découvrir le trait, ce papier blanc qui me renvoyait à ma triste vérité, celle de ne pas porter la vie! J’aurais dû acheter du papier de couleur autre que blanc. C’est vrai, blanc on voit tout, la moindre petite tache colorée d’une petite pointe de rouge se voit tout de suite comme le nez au milieu de la figure!! À chaque cycle je croisais les doigts pour que ces petites gouttes de sang ne soient pas là.

Combien de fois j’ai fêté l’arrivée du feu (=règles) avec une bonne bouteille ou bien la fois où je me suis pris une chauffe au champagne avec une amie, car trop déprimée d’avoir le feu. Ma tête s’en rappelle encore, mais oh combien, l’espace d’un instant ça faisait du bien cette douce euphorie, je ne pensais plus à rien, j’étais bien, oublié bébé, oublié le feu, oublié oublié oublié tout oublier! L’espace d’un instant, se sentir légère, ne plus se sentir coupable d’avoir mal fait quelque chose, où se sentir coupable d’être incapable de faire un petit nid douillet pour un petit oeuf. D’ailleurs à ce sujet, nous en rigolions, parce que oui, faut garder son humour un peu face à tout ça « Tes oeufs sont pourris » me disait Jules. C’est vrai, je ne pouvais pas donner un beau petit poussin qui deviendrait un beau petit poulet ou poulette!

Ne vous y méprenez pas, Jules avait autant envie que moi d’un p’tit mini-nous. Il était aussi le premier à acheter des tests de grossesse lorsque j’avais un petit retard! Nous aurions pu avoir un discount ou mieux, être sponsorisée par  Jean-Coutu, c’est vrai avec nous ils n’ont cessé de remplir les comptoirs de tests de grossesse! Nous nous disions, la prochaine sera la bonne! L’être humain dans toute sa splendeur et qui garde encore et toujours espoir malgré les échecs à répétitions !

Il y a eu aussi toutes ces visites et ces parties de jambes en l’air (heu….. chez le docteur!! Que vous avez l’esprit mal placé!!! ), quoi que! Ouais, il y en a eu aussi, mais jamais avec un « happy end! » Durant 2 ans 1/2, moi et ma bedaine on était suivi médicalement. Je ne compte plus le nombre de piqûres que j’ai eu, le nombre de bleus aussi sur mon bedon, ainsi que le nombre de prises de sang que j’ai eu, sans oublier tous ces cachets, ces hormones! Je suis certaine que les chaises de l’hôpital ont gardé mon empreinte fessier 🙂

Je n’étais plus une femme, j’étais devenue le cobaye de la médecine qui essaye de comprendre ce qui se passait dans ma machine reproductrice! Tout était contrôlé méticuleusement afin que je commence mes divers protocoles sous les meilleurs auspices !

Grâce à ces nombreuses visites au lever du jour, je me suis tenue en forme tout ce temps. La côte pour arriver à mon hôpital était raide. Vraiment digne d’une montée du Tour de France ! Mon fessier était aussi dur que mon ventre restait indéniablement plat !

L’infertilité n’est certes pas une maladie, mais c’est un boulet lorsque ça vous arrive!

Ces épreuves ont eu au moins le côté positif de consolider mon couple, car faut se dire que non, ce n’est pas facile tous les jours de ne pas perdre l’espoir que la cigogne daigne enfin passer chez nous ! Non ce n’est pas facile d’y croire face à ces nombreux échecs. Au moins, il y avait « C’est la faute au protocole qui n’était pas adapté pour moi » .

Autres points positifs, cette facilité à maitriser toutes ces abréviations : TEC, IAC, PDS, FIV, TO, TG, SA, SG, DPA, DPO, FC, PMA etc…… Je parie que même vous, vous ne savez pas ce que veut dire la moitié de tout cela ! Au moins je suis devenue plus intelligente!!

À chaque nouvel essai et chaque échec, on me trouvait quelque chose et donc par A + B une explication du pourquoi de l’échec! Ça devenait lourd, car on se demandait « Que vont-ils encore me trouver cette fois-ci ! » . Vous savez, c’est comme toutes ces fois où vous aller à l’hôpital pour quelque chose de pas bénin et vous ressortez plus malade que lorsque vous êtes rentré! Eh ben moi c’était pareil !

Jusqu’au jour où, pour ma FIV N°1, il y a eu 3 oeufs magnifiques, tellement beaux que 2 sont restés bien au chaud …… heu…….. je dirais plus, au frais, car ils ont été congelés. Comme d’habitude, cette 1ère FIV s’est avérée un échec, MAIS ils m’ont encore trouvé une réponse/lien logique « mon sang »! Quoi qu’est-ce qu’il a mon sang?? Du coup quelques mois avant mon TEC ( Transfert d’embryon congelé) j’ai pris des anticoagulants et de l’aspirine de bébé. Une chance que je ne travaille pas en cuisine sinon, je me serais vidé de mon sang à la moindre coupure !

Bref, tout ça pour finir par la lune ronde tachetée de petits bleus, mais fièrement exposée au vu et au su de tous! À présent mini-nous est bien au chaud sous le soleil de Mexico.

Je ne peux m’empêcher de me dire que oui dans un sens je suis chanceuse, car d’autres femmes ont eu moins de chance que moi. Soit elles sont encore en traitement, soit elles ont dû passer par une fausse couche (ça doit être dur de trouver le courage de se relever après ça! Mais elles on su le faire en gardant la tête haute et détermination!), soit elles ont fait je ne sais combien de IAC, FIV ou TEC! Bref, moi ma 3° a été la bonne après avoir essayé les 2 premières citées dernièrement.

Jules I love you!!
Jules I love you!!

Le HAPPY – END existe et je vous souhaite de le vivre si vous êtes dans mon cas!

Si vous souhaitez me jaser, je suis là !